L’Indice de position sociale (IPS), c’est un outil qui permet de calculer la position des élèves dans l’échelle sociale. Il se base sur le métier des parents, leur catégorie sociale mais aussi sur leur capital culturel (nombre de livres à la maison, sorties au cinéma, au musée en famille…). Cet indicateur est depuis peu une donnée publique, en accès libre.
C’est une excellente nouvelle car c’est un outil-clé utilisé dans les hautes sphères de l’État pour définir le profil social des élèves et des établissements scolaires. Jusqu’ici, l’Éducation nationale craignait que les parents ne s’en saisissent pour contourner la carte scolaire, en scolarisant leurs enfants dans les établissements dotés de l’IPS le plus élevé, et refusait de le rendre public. C’est le combat en justice d’un journaliste de Politico qui a permis l’accès à cette précieuse batterie de données.
L’indice de position sociale (IPS) est un outil que l’Éducation Nationale utilise depuis 2016 pour déterminer le profil social des élèves. Le but ? Objectiver l’état des inégalités sociales à l’école. C’est le successeur d’une autre méthode de calcul basée sur les fameuses catégories socio-professionnelles (CSP) des parents d’élèves. Les politiques publiques, avant l’IPS, avaient essentiellement comme repère quantitatif le pourcentage de parents de CSP, hautes ou basses, dans une école ou un collège. Par exemple, on pouvait dire d’un établissement : « 70% des élèves ont des parents de CSP élevées, donc l’établissement a un statut social élevé ».
Désormais, chaque profil d’élève a un indicateur chiffré, qui va de 50 à 159. Par exemple, un élève dont le père est chômeur n’ayant jamais travaillé et la mère ouvrière non qualifiée se verra attribuer un IPS de 59, parmi les plus bas, tandis qu’un enfant de deux professeurs ou scientifiques atteindra 159.
L’IPS, un profil social plus complet qui inclut le capital culturel
L’Indice de position sociale (IPS) permet ainsi une mesure et une comparaison entre établissements plus directe, même si c’est un résumé quantitatif simplifié de la réalité.
L’apport majeur de l’IPS est de brosser un tableau plus complet du profil de l’élève, en intégrant non seulement la dimension économique et sociale mais aussi culturelle. Pour cela, des questionnaires ont été soumis à un panel représentatif de 35.000 élèves, tirés au sort, à leur entrée en 6e, en 2007. L’enquête, qualitative et quantitative, s’est poursuivie sur plusieurs années, de façon à recueillir des données sur le parcours scolaire, le capital culturel et les pratiques et attitudes en famille qui tendent à favoriser les conditions d’apprentissage.
Le choix de ces critères repose sur l’idée que la CSP des parents n’agit pas directement et intrinsèquement sur la réussite scolaire des enfants, mais par le biais de variables dites « médiatrices », c’est-à-dire qu’elles expliquent une partie du lien observé entre CSP et résultats scolaires. Voici les critères retenus :
- Diplôme des parents
- Conditions matérielles du foyer (revenu mensuel, nombre de pièces du logement, chambre seul, ordinateur, internet)
- Composition familiale
- Capital culturel (nombre de livres à la maison, télévision dans la chambre, regarde la télévision, régulièrement)
- Niveau d’ambition et d’implication des parents (aspiration, diplôme considéré comme le plus utile, implication des parents, conversations sur la vie scolaire, conversations sur l’avenir scolaire)
- Pratiques culturelles de la famille et de l’élève (événement sportif, concert, théâtre, cinéma, musée, activité extra-scolaire)
Les résultats de l’indice ont été standardisés de sorte que la moyenne des IPS s’élève à 100 et l’écart-type à 30 : cela permet notamment qu’aucun IPS n’apparaisse négatif, ce qui pourrait renforcer les effets de stigmatisation. D’après cette méthode de calcul, la valeur minimale obtenue est de 48 pour la catégorie « chômeur n’ayant jamais travaillé », et la maximale de 159 pour la catégorie « professeurs et professions scientifiques ».
Pour aller + loin :
Les jeux de données de l’IPS sur le site du ministère de l’Éducation nationale
L’IPS dans le journal Le Monde
Juliette Couvert et Benjamin Awazi